FEAT. mamoru
La journée avait été rude même si je ne m’occupe que de petites affaires, mon travail me prend beaucoup de temps mais, je ne m’en plaint pas, au contraire, il m’occupe l’esprit et me permet de contrôler mes visions même si j’avoue que sur certaines affaires, mes visions m’ont aidée à démêler le vrai du faux.
Depuis que je suis arrivée ici, j’ai trouvé ma voie, la loi et la justice m’ont apporté tout ce dont j’ai besoin pour me sentir bien dans ma peau et j’ai rapidement trouvé une place où je me sens bien et pour une fois à ma place.
Enfin bref, après cette dure journée où j’avais dû classer un bon nombre de dossier, je sors du grand bâtiment qui me sert de bureau, il est exactement 19h25, étant en heure d’été, le soleil est encore bien haut dans le ciel. J’attrapais mes lunettes de soleil dans mon sac, mes pauvres petits yeux ont été agressés par ce foutu soleil un bon nombre de fois, maintenant, je les protège.
La rue où se trouve le bâtiment n’est pas beaucoup fréquentée et ça m’arrange sérieusement, mais avant de rentrer chez moi il faut que je traverse un bon nombre de rues très fréquentées et où je risque de croiser beaucoup mais alors beaucoup de gens qui ont des mauvais souvenirs à cacher, croyez-moi je sais de quoi je parle.
Je déambulais doucement sur mes hauts talons qui soit dit en passant, je déteste les porter, mais en tant qu’avocate, le tailleur (pas sexy du tout) et les talons sont de rigueur. Je préfère largement traîner dans un jean et une paire de Bensimon. Enfin je ne dis pas que je n’aime pas m’habiller en femme mais ce tailleur et ces talons en particulier m’horripilent.
Je marchais donc tranquillement jusqu’à ce que je sorte de ma petite rue tranquille pour tomber sur la grande rue qui en passant était bondée, plus que d’habitude d’ailleurs. Je m’arrêtais un instant et ferma les yeux pour respirer un bon coup. Quand les rouvris, je souris, j’en étais sûr, aujourd’hui tout allait bien se passer. Je me remis en route, sourire aux lèvres et je tentais de me frayer un chemin parmi les passants.
C’est alors que de nombreuses visions floue m’attaquèrent de tous les côtés, je crue d’abord que ma tête allait exploser, ça ne m’arrive pas souvent ce genre de sensations à cause de mes visions… En général elles ne se bousculent pas comme cela dans ma tête, elles se présentent chacune à leur tour bien tranquillement. Mais aujourd’hui, à croire que tous les criminels s’étaient passés le mot pour sortir en même temps et trop de visions trop puissantes, voilà le résultat.
J’eus beaucoup de mal à me reprendre, et je décidais alors de rallonger mon chemin et de passer par des rues moins connues. Je ne marchais plus tranquillement maintenant, je titubais difficilement dans les rues sombres et tristes de Radéa.

FEAT. mamoru
Je continuais à lutter contre ces pensées obscènes, elles m’avaient frappés d’une tel force cette fois-ci que j’eus du mal à m’en remettre. Il vaut mieux que je m’arrête un instant Je m’appuyais dos au mur pour que mes émotions se dissipent tranquillement, il n’y a aucun besoin de se précipiter. J’appuyais aussi ma tête contre le mur en crépit. Et fermais les yeux.
Inspirer.
Expirer.
Inspirer.
Expirer.
Aaaah, enfin mon cerveau en ébullition refroidit doucement mais il refroidissait. C’est bien le plus important dans ces moments, j’ai maintenant l’habitude de vivre ce genre de vives sensations mais celle-ci m’avait quand même sacrément surprise. J’ouvris mon sac et me mis à chercher avec ferveur un doliprane ainsi que ma bouteille d’eau, je suis toujours équipée !
Une fois le comprimé avalé, je me décollais du mur et me mis dans le sens de la marche, je souriais toute seule, fière d’avoir vaincu encore une fois cette terrible sensation, d’avoir eu le contrôle sur les atrocités qu’on fait tous ces gens qui ont l’air en apparence tellement simples, gentils, serviables.
Enfin passons, j’étais contente et je marchais en direction de mon appartement, le rue était carrément vide. Ah non, je pensais être tranquille, mais apparemment pas, j’étais plus très loin d’un garçon qui m’observait. Je perdis mon sourire d’un coup, pourquoi me regarde-t-il de cette manière ?
Je marchais maintenant d’un pas décidé, en même temps, je jaugeais ce mec, de taille normale, un blond. De la distance où j’étais il avait l’air jeune, à peu près mon âge. Je m’approchais à grande enjambés, je me rendis compte que du coup, je ne l’avais pas quitté des yeux, ce n’est pas mon genre d’agresser les gens mais sa manière de me regarder me dérangeait quelque peu. Pas besoin de s’énerver comme cela ma petite c’est peut être seulement sa manière d’être. Confuse, je détachai pourtant pas mon regard, maintenant je pouvais voir ses yeux bleus, et mon dieu qu’il était pâle, enfaite c’est lui qui ne va pas bien du tout !
Maintenant à quelques mètres je lui lançais les premières paroles les plus banales qu’il existe sur ce monde

▬ Quelque chose ne va pas ?

Le jeune homme avait l’air perplexe, intrigué aussi, enfin un mélange des deux, je ne saurais pas le décrire précisément. J’observais ce garçon qui de près avait l’air bien plus sympathique que de loin.

FEAT. mamoru

▬ Ah... euh non... c'est rien. Je vais bien. Vous aviez l'air assez mal donc...

Lorsque le garçon prononça ces premiers mots, je fus prise de vertiges, je secouais la tête et tentais de gérer cette nouvelle attaque, malheureusement, aujourd'hui et encore plus à ce moment précis, j'étais faible, je fis quand même en sorte que le garçon ne se rende pour le moment compte de rien.

▬ Ah ! Excuse-moi si je t'ai offensée ! Les gens ont l'impression que je les regarde de travers... mais c'est pas le cas !!!!

Il ne me laissait pas le temps de me reprendre qu'il m’attaquait une seconde fois. Il ne pouvait pas être au courant, je ne lui en veux en aucun cas mais ses paroles résonnèrent dans ma tête comme un gong et d'un coup je sentis que j'allais me perdre à nouveau dans les limbes de mes visions. Je sais que lorsque je me perds, mon esprit disparaît, s'échappe de mon corps.

Trou noir.

Un jeune garçon, une falaise qui doit faire une bonne centaine de mètres voir plus, au fond de celle-ci, un ruisseau entouré de grosses pierres, le courant y est fort. Normal. Lorsqu'on suit le ruisseau plus en contre-bas, la cascade fait rage, en fait, on n'entend que-elle. Et le jeune garçon, un petit blond qui court, il joue avec un ballon, il couine, rigole, lorsqu'il met un but, il retrousse son tee-shirt sur sa tête comme les grands footballeurs.
Un autre garçon le rejoins en galopant, lui m'a l'air un peu plus vieux mais il joue avec le petit blond, lui pique le ballon.
Le petit blond n'a pas l'air d'apprécier, il se met à bouder. Dangereusement, il s'approche du bord de la falaise sûrement pour s'y asseoir et bouder en paix. Mais lorsqu'il s'approche pour mettre ses jambes dans le vite, une infime partie de terre cède sous son poids, le petit blond disparaît.
Je vois alors l'autre garçon se précipiter vers le bord, il a l'air vraiment en alerte, très inquiet. Une petite main tente désespéramment de s’accrocher sur le bord.
Heureusement que l'autre garçon, plus vieux, réussit à hisser le petit blond sans trop d'efforts.

Trou noir.

Enfin je revins à moi-même, j'étais essoufflée. Mon corps se pliait en deux presque tout seul, je posais mes mains tremblantes sur mes genoux, j'étais encore fébrile, c'est vraiment terrible de vivre ce genre de souvenirs, de ressentir toutes les émotions des personnes à ce moment précis.
Je pense que le garçon ne compris pas bien ce qui m'arrivais, je n'avais même pas eu le temps de voir son expression quand j'étais revenue à moi. Je tentais de m'exprimer le plus clairement possible

▬ Désolée... J'ai eus...Je t'ai vu...

A bout de souffle j'abandonnais pour le moment de m'expliquer et repris ma respiration.
Inspirer.
Expirer.
Inspirer.
Expirer.

FEAT. mamoru

▬ Euh... tu m'as vu ?

Doucement, mon pouls revenait à la normale et ma respiration redevint tranquille et posée, ces exercices que j’avais mis en place marchaient vraiment bien ! Il y a quelques temps déjà, j’avais eu un rendez-vous avec un monsieur qui était un professionnel du stress et de la relaxation et après quelques séances, ses conseils m’avaient vraiment aidé !
Le jeune garçon ne devait pas comprendre ce qu’il se passait, je me redressais et le regardais gentiment, il avait l’air inquiet.

▬ Je ne vais pas tout t'expliquer depuis le début, ce serait long mais tu as vécu quelque chose de terrible lorsque tu étais jeune non ?

J’étais alors sûre de sa réponse, mes visions ne se trompent pas mais cette question était plus pour lancer la conversation plutôt que pour avoir une réponse. Je ne savais pas si il fallait que je lui explique les détails ou non ? Fallait-il qu’il sache tout de ma vie ? En ai-je seulement envie ?
Je ne savais plus ce qui était le mieux, mais je n’aime pas trop m’étaler sur ma vie, sur mon pouvoir, en général quand j’en parle, cela m’apporte beaucoup de tristesse et mon cœur se pince tout le temps. Trop d’émotions pour aujourd’hui, je décidais de faire court et simple, seulement pour rassurer ce garçon qui avait vraiment l’air inquiet. Je devais certainement l’effrayé et je ne voulais pas lui faire perdre son temps, il avait sûrement autre chose à faire aujourd’hui que d’écouter les états d’âmes d’une jeune fille complètement perdue même après quelques années déjà passés sur ce nouveau monde. Il s’en fiche.

▬ Je peux voir ton passé, enfin seulement un moment, et en général, c'est pas très glorieux. Et... Je t'ai vu quand tu était petit, tu tombais d'une falaise. Tu t'en sortais de peu.Excuse moi si je t'ai effrayé, je ne sais pas encore contrôler mes visions... et puis, en plus j'ai eu une assez mauvaise journée, la fatigue sa ne m'aide pas.

Maintenant, c‘était à mon tour d’être gênée, je n’aime vraiment pas me dévoiler cela me met dans un état, et pourtant je n’avais dit que le strict minimum, enfin je n’avais pas poussé le bouchon trop loin pour une fois. Et pourtant, mes joues se mirent à changer de couleur, je le sentais, j’espérais seulement qu’elles n’étaient pas devenus rouges cramoisi, que c’était un peu discret quand même.