Cela aurait pu être une énième journée normale, aussi normale qu’elle puisse l’être sur cette île farfelue. Manoë aurait été au bar, elle aurait servi ses clients, feint d’écouter certains alcooliques lui raconter leurs maux. Elle serait sorti plus tard, aurait joué, rigolé, pesté, … Une bonne journée, une simple journée. Mais il en avait été décidé autrement. Tous les habitants s’était réunis à la place de Radéa. Tous sans exception était là, sur ordre du Dei. Pas que l’améthyste obéissait particulièrement mais la curiosité l’avait poussée, et pourquoi ne pas y aller. C’était une convocation, donc cela devait forcément être quelque chose d’important.

Tout le monde parlait, tous jacassaient. Certains habitants braillaient et se plaignaient, chose qui tapait sur le système de la demoiselle. Le raffut de la foule cessa à l’instant même où le pseudo demi-dieu tout puissant prononça des paroles. Des paroles rapportées, des paroles que Manoë trouvait familières. Le Dei continua son discours. Plus il avançait dans ses dires et plus la Sauvage appréhendait. Qu’allait-il se passer ?

« Manoë Tiamon. »

Un frisson lui parcouru l’échine et ses yeux ronds trahissaient son angoisse. Pourtant son regard anxieux continuait de fixer le demi-dieu. Elle se souvenait finalement où elle avait entendu ses mots. C’était ses propres paroles, et le Dei n’avait pas l’air d’avoir apprécié… Qu’il aille au diable ! Elle était libre de penser et dire ce qu’elle souhaitait, même si cela ne plaisait pas à ce gus. Elle avait peur oui, mais elle était aussi en colère. En colère contre ce type, en colère contre son sbire de petite fille. Le Dei prononça sa sentence et tout ne fut plus qu’un vague souvenir. Toutes les parcelles de son corps se décontractèrent, son esprit s’apaisa,  sa colère s’envola. L’expression de ses yeux montrait toujours son trouble mais ses traits s’étaient déraidis. Sa fierté, son animosité qui l’habitait n’était plus. Manoë n’était plus que l’Aimable Sauvage.

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