Feat. Joris

J’avais emprunté un petit sentier sympathique, une petite balade était à l’ordre du jour, j’avoue que de longues balades au calme me font du bien, je ne m’étais jamais rendue au lac céruléen. Il me tardait de découvrir les plus intimes secrets de ce paysage, de cet endroit. De nombreuses fois, j’avais entendu parler de ce lac qui était apparemment « paradisiaque ». J’espère qu’il pourrait m’apporter beaucoup de sérénité, j’en ai plus besoin que quiconque.

Je marchais sur mon petit sentier, un peu étroit mais ce n’était pas gênant étant donné qu’il n’y avait personne, je me dirigeais vers un endroit inconnu, seule, sereine… J’adore ! J’étais tellement heureuse, le silence dans ma tête, je ne pensais plus à rien, mon cerveau ne servait plus que à dicter mes pas sur ce sentier. Je marchais depuis quelques longues minutes, heures peut être ? Je ne sais plus. La brise commençait à se renforcer, mes longs chevaux se mirent à voler au vent, ils formèrent une vague régulière qui se répétais de manière irrégulière. Il vaudrait mieux que je les attache, sinon ce soir ma brosse à cheveux risque de rendre l’âme… J’entrepris donc de faire une queue de cheval avec ma longue chevelure, j’ai toujours un élastique à mon poignet, c’est très pratique !
Enfin, je voyais le bout du sentier, plus précisément, il descendait et la distance où j’étais ne me permettait pas de savoir où tout cela allait me mener. Quand j’arrivais enfin au bout, je m’arrêtais nette, j’étais époustouflée, c’était magnifique, même magique, incroyable. Je n’avais jamais vu des paysages d’une telle beauté, en même temps, je n’ai jamais trop voyagé, que cela soit ici ou dans mon autre monde.
Bouche bée et les yeux grands ouverts, je repris ma marche tranquillement, je pensais être seule mais c’est alors que je vis un homme, de dos, il était assis sur une grosse pierre qui semblait surplomber le lac. Je m’approchais sans faire de bruit, je ne voulais déranger personne, mais en même temps je ne voulais pas le surprendre et lui faire peur, je ne savais pas trop comment l’aborder sans le faire sursauter. J’optais alors pour un petit raclement de gorge plutôt discret, enfin j’espérais qu’il le soit.

▬ Hmm, hum ?

Feat. Joris
Le jeune garçon n’avait pas l’air surpris, on aurait presque pu dire qu’il m’attendait ! C’est fou mais lorsqu’il me répondit, sa voix était douce et tellement relaxante pour moi, quand elle vint jusqu’à mes oreilles, ce fut comme une douce musique. Bizarrement je ne ressentais rien, enfin je veux dire en lui. D’habitude je dois contrôler mes émotions pour ne pas avoir ces visions horribles et cette fois-ci, c’était comme si j’étais seule. Et cette sensation divine me fit sentir tellement bien, je lui souris à mon tour.

▬ ... charmante demoiselle. Je peux faire quelque chose pour toi ?
▬ Excuse moi, je ne voulais pas te déranger ! Je cherche juste un peu de tranquillité.

Il était maintenant retourné à son dessin, je relevais les yeux et observais le lac, il était très calme. Le jeune garçon griffonnait activement mais avec une légèreté, c’était apaisant à regarder. Je me décidais à laisser le laisser tranquille pour trouver un autre endroit pour me relaxer seule, même si à cet endroit je me sentais bien et n’avais aucunement envie de partir de cet endroit.
Je regardais une dernière fois le paysage en espérant ne jamais l’oublier, de toute manière je reviendrais sa j’en suis sûre, je me demandais comment cela se faisait que je n’étais pas venue ici avant ? Comment j’avais pu passer à côté de cet endroit magique ?

▬ Dis, à ton avis, de quoi il s'agit ?

Le garçon était maintenant retourné vers moi et me tendait son dessin, je m’approchais et lui pris gentiment des mains, il dessinait vraiment bien, tellement de détails qui représentaient ce paysage, je suis sûre que si j’avais eu ce dessin chez moi, j’aurais eu l’impression d’être sur place. J’aurais sûrement même pu ressentir la douce brise me caresser le visage et sentir la douceur de l’eau sous mes mains. Enfin bref, c’était magnifique, très bien représenté. Je me penchais plus précisément sur ce qu’il voulait savoir, sans le vouloir je levais les yeux pour regarder le lac, mais il n'y avait rien, l'eau était toujours aussi paisible et calme, de temps en temps des bulles remontaient à la surface mais rien de plus.
Je revins sur le dessin, je ne savais pas trop quoi dire, c'était bizarre, je n'ai pas une très grande imagination, du coup je me demandais ce que j'allais bien pouvoir lui dire.

▬ Euh, je ne suis pas sûre... On dirais un bout de bois, comme une barque... Ou non ! En fait, on dirais un gros serpent ! Ce serait fou non ?

Je rigolais légèrement en le regardant dans les yeux, je rigolais en pensant à la bêtise qui m’avait prise à lui dire ça, non mais c’est vrai mais pour qui il va me prendre ? Une jeune fille complètement folle sûrement. Je reposais les yeux sur son dessin pour observer cette chose, maintenant cela m’inquiétais, je hochais la tête et relevais les yeux pour vérifier encore que cette chose n'était pas vraiment dans le lac. D'ailleurs c'est bizarre mais je devrais plutôt m’inquiéter de ce que ce garçon à dans la tête pour dessiner un truc et ne pas savoir ce que c'est, mais bon on a tous une part de folie je suppose...

Feat. Joris
A peine avais-je prononcée mes paroles que le visage du jeune garçon s’éclairait et dans un élan de spontanéité qui me surprit quelque peu, en deux secondes, le carnet n’était plus dans mes mains. En face, le garçon s’était attelé à griffonner furieusement sur son carnet. Pour ma part, j’étais restée là, les mains tendus mais vide, bouche bée. Je me repris et ramenais mes mains sur mes hanches et en fermant la bouche avant qu’une bestiole bizarre n’y rentre.

▬ Mais oui ! Un immense serpent dans le lac ! C'est... Le Monstre du Loch Ness !

Doucement, je me rapprochais de lui pour passer ma tête par-dessus son épaule pour voir ce que donnait ce nouveau dessin, il dessinait vraiment bien. Tellement de détails en si peu de temps, j’étais impressionnée. Non mais c’est vrai, les ombres, les vagues, ce monstre du Loch Ness était vraiment parfaitement représenté. Je sais, je me répète mais cela me rendait dingue, jalouse même. Quelqu’un qui dessine aussi bien, pour moi, c’est un extraterrestre.
Je me reculais, il relevait les yeux vers moi. Il avait un regard intense mais en même temps si apaisant, une sensation de bien-être m’envahit. J’aime tellement cette sensation, l’impression que plus rien n’existe et que tout va bien dans le meilleur des mondes, cela m’emplit de bonheur pour au moins 1 semaine !

▬ Je dessine tous les endroits dans lesquels je me rends, tous les paysages. Mais il m'arrive d'ajouter des éléments déviants de la réalité. Dans ce cas-là, je me laisse guider, selon mon inspiration, sans jamais vraiment savoir ce que je fais avant d'avoir terminé. Merci de ton aide !
Je m'appelle Joris, et toi ?
▬ June, enchantée !
C'est magnifique ce que tu dessine, vraiment je suis fan !

Je lui donnais mon plus beau sourire.
Joris, tiens j’en connaissais un dans l’autre monde, enfin bref, on s’en fiche. Joris donc ne m’avait pas lâché du regard, je n’avais pas remarquée tout à l’heure mais maintenant que je l’observais, je pu voir que son visage n’était plus immaculé. Maintenant, de légères traces noires étaient parsemées ici et là. On aurait dit un petit garçon qui avait joué dans la boue, enfin presque parce que ne général, la boue fait bien plus de dégâts !
J’étais intrigué, je ne sais pourquoi mais je voulais savoir ce que Joris pouvait bien avoir comme pouvoir, sûrement quelque chose en rapport avec ses dessins ? Autant d’imagination, ça doit bien servir à quelque chose ? Peut-être peut-il donner vie à ses dessins ?
Hum, en fin de compte je n’aurais peut-être pas dû penser à ça. Très inquiétant pour le coup. Enfin Joris n’avait pas l’air méchant non plus, en espérant maintenant qu’il ne fasse pas vivre son monstre. Et puis, je pense trop peut-être ce n’est même pas son pouvoir. De temps en temps je me dis qu’il faut que je gère mes pensées, je pars vraiment trop loin.
En attendant, ma timidité reprit le dessus, et je n’osais pas lui poser la question.

Feat. Joris
Joris avait l’air plutôt content que je m’intéresse à ses dessins, mais tout en restant modeste. Il me laissait observer son dessin. Avec les derniers détails, c’était encore mieux. Et puis, il a beaucoup d’imagination ce jeune homme, si il ajoute à tous ses dessins ce genre de détails complétement surréalistes. Une pointe de jalousie me piqua, j’ai l’habitude de jalouser ces personnes avec une imagination débordante. Car moi, je n’en ai aucune. Pourtant j’aimerais tellement imaginer tous pleins de choses qui pourraient arriver mais je pense qu’il y a comme un blocage dans ma tête.
Je suis complétement dépourvue d’imagination et je ne sais pas, mais ça me touche vraiment profondément. J’espère que ma déception ne s’est pas lue sur mon visage. Ce n’est pas de sa faute, je m’en veux à moi-même. Ou je ne sais pas à qui en vouloir ? Qui m’a dépourvue de cette imagination qui me manque tant ? Qui me fait tant rêver ?
Aah, ça y est, je pars encore trop loin ! Je le savais que je me pose trop de questions, débiles en plus, mais là j’abuse. Il faut que j’arrête de penser, carrément.

▬ Je suis française, mais mon prénom ne l’est pas, tu ne l’aurais pas deviné.

Je ris doucement, c’est vrai, mes parents ont toujours été plutôt très extravagants. Enfin, encore que j’aime bien mon prénom s’ils m’avaient appelés Seven ou Marie-Rose je leur en aurais certainement voulus. Alors, je ne me plains pas. J’aime mon prénom même s’il n’est pas français.
Joris était retourné à son lac, il l’observait maintenant très intensément, je me demande à quoi il pouvait bien penser. A un moment, je cru même l’avoir perdu. Il était tellement pensif, incroyable. Je n’avais jamais vu un homme penser autant et aussi fort. J’étais impressionnée. Je n’osais alors pas briser ce joli moment. Mais bon, je n’allais pas partir en le laissant sur place, je ne savais quoi faire.
Doucement, je m’installais non loin de lui. Je m’assis et fixais le lac de la même manière que lui, au bout d’un certain temps, je relevais enfin la tête, désolée de casser ce magnifique silence.
Doucement je demandais :

▬ Je peux savoir ce qui te fascine autant dans ce lac ?

Je ne voulais absolument pas passer pour la dinde de service mais ma question me turlupinait depuis tellement de temps.